Evocentric conservation in protected areas: a pioneering strategy in the Port-Cros National Park

Conservation évocentrée dans les aires protégées : une stratégie pionnière dans le Parc national de Port-cros. 

Bien que la sensibilisation aux enjeux environnementaux soit en augmentation, les activités humaines continuent de mettre une pression sans précédent sur les écosystèmes. En réponse, de nombreux pays se sont engagés à protéger 30 % des terres et des mers d'ici 2030, conformément au « Global Biodiversity Framework » de la Convention sur la Diversité Biologique. Cependant, une conservation efficace nécessite plus qu'une simple protection légale : elle exige des objectifs clairs, des ressources suffisantes et l'engagement des parties prenantes locales. Ainsi, la question des valeurs en conservation est essentielle et influence les raisons et les méthodes de conservation. Le Panel International sur la Biodiversité et les Services Écosystémiques (IPBES) souligne l'importance de comprendre et d'équilibrer ces valeurs, en reflétant les rôles et impacts humains sur la biodiversité. Dans ce contexte, l'approche évocentrée, proposée par Sarrazin et Lecomte (2016), souligne l’objectif d’intégration des besoins humains à court et à long termes avec le respect des trajectoires évolutives des autres espèces. L'approche évocentrée vise à réduire l'empreinte évolutive humaine et à maintenir le potentiel adaptatif de la biodiversité. Ce faisant, elle propose un cadre global de conservation qui respecte à la fois les processus évolutifs des humains et des autres espèces. Le Parc national de Port-Cros (PNPC) en France est le premier espace protégé à adopter cette approche. La stratégie scientifique du PNCP pour 2023-2032 vise à aligner les efforts de conservation sur les principes évolutifs, en tenant compte des impacts globaux des activités humaines sur l'évolution. Les processus évolutifs, tant la microévolution que la macroévolution, définissent et façonnent la biodiversité. Les activités humaines ont considérablement influencé ces processus, entraînant souvent des changements évolutifs rapides et parfois des extinctions d'espèces. Par conséquent, les efforts de conservation doivent prendre en compte ces impacts pour atténuer efficacement les perturbations induites par les activités humaines à ces échelles. La stratégie scientifique du PNPC souligne la nécessité de trouver un équilibre entre la restauration active et le laisser-faire des processus naturels. Le PNPC vise à réduire l'impact humain en définissant des degrés d'intervention et en se concentrant sur le maintien des fonctions écologiques et des dynamiques évolutives. Cette stratégie, qui répond aux besoins de conservation à court et à long termes, prend en compte les intérêts des parties prenantes et promeut des « gradients de naturalité » pour gérer les activités humaines. Établir des priorités dans les objectifs de conservation en fonction de la responsabilité évolutive du PNCP vis-à-vis de la biodiversité vivant sur son territoire, identifier et réduire les pressions sur les processus évolutifs, et impliquer les acteurs locaux dans cette stratégie évocentrée seront les prochains défis du PNCP et de toute autre aire protégée qui souhaiterait suivre sa stratégie pionnière.

Mots-clés : évolution, évocentrisme, microévolution, macroévolution, biodiversité, éthique environnementale, planification stratégique.