Roger Molinier est né le 16 avril 1927 à Dieupentale, dans le département du Tarn et Garonne. Faisant fi du cloisonnement traditionnel entre botanistes et zoologistes, entre spécialistes du milieu terrestre et spécialistes du milieu marin, il étudie à la fois la partie terrestre et la partie marine du Cap Corse, à la fois la flore et la faune dans le cadre de sa thèse de Doctorat (Molinier, 1960). Le premier, il transpose au milieu marin les méthodes des phytosociologues terrestres, qu’il a côtoyés avec son père, le professeur René Molinier. Il fait partie de cette génération de pionniers qui ont commencé à utiliser le scaphandre autonome à des fins scientifiques. Pendant quelques années, il se consacre à l’étude de l’herbier de posidonies et son travail d’alors sert toujours de base aux scientifiques d’aujourd’hui.
En 1966, Roger Molinier rencontre le Préfet de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Jean Laporte. Entre eux, "le courant passe". Et c’est le début d’une seconde carrière. Le grand universitaire va mettre ses connaissances en écologie au service de la sauvegarde des milieux naturels : protection du couvert végétal contre les incendies de forêt, aménagement du territoire, mise en protection d’espaces naturels.Tout cela parait normal aujourd’hui, mais il n’en est pas ainsi à l’époque. Passant outre, l’indifférence et l’incompréhension qui règne entre l’université et l’administration, il mène son chemin selon ses convictions. Son engagement dans le domaine que l’on nomme aujourd’hui la conservation de la nature l’a conduit à assurer la présidence de plusieurs comités scientifiques d’espaces naturels protégés, notamment celle du Comité scientifique du Parc national de Port-Cros, de 1970 à 1986. Il s’est également investi dans la création du Parc naturel Régional de Corse.
En 1970, l’Ordre national du Mérite puis en 1983 la Légion d’honneur lui sont décernés au titre du Ministère de l’Environnement, le «ministère de l’impossible », ainsi que le nomme Robert Poujade, premier titulaire de ce Ministère. Roger Molinier a également été un précurseur par sa vision de l’Homme comme partie intégrante de la nature, par son refus d’opposer protection de la nature et Homme. D’une certaine façon, il anticipait la notion de développement durable qui sera popularisée vingt ans plus tard, lors du Sommet de Rio de 1992 qu’il ne connaitra pas, puisqu’il décédera prématurément, le 1er avril 1991, des suites d’un cancer. Enfin, Roger Molinier a toujours privilégié le débat, la conviction, par rapport à la confrontation.Par sa capacité d’écoute, son profond respect des opinions de chacun et sa disponibilité, il a initié la longue tradition de collaboration étroite, amicale et constructive entre Conseil scientifique, Service scientifique, direction du Parc national et Conseil d’administration, tradition non démentie depuis et qui constitue l’un des points forts du Parc national de Port-Cros.
* Cet article s'inspire de l’article publié dans le tome 27 des "Scientific reports of Port-Cros national park" : "Le professeur Roger Molinier, ancien président du Conseil scientifique du Parc national de Port-Cros" de Charles F. BOUDOURESQUE et Jannick OLIVIER Ajouter le lien